Le roi des pirates
Publié la même année que Robinson Crusoe, (1719), Le Roi des pirates, de Daniel Defoe, relate les aventures très peu véridiques d’un forban très réel, lui : le capitaine Avery. Aussi fameux qu’insaisissable, il défraie la chronique, s’attaquant aussi bien aux navires de la Compagnie des Indes qu’à ceux du Grand Mogol, dont il capture la fille. Le bruit court qu’à l’autre bout du monde, sur l’île de Madagascar, s’est constituée une colonie de pirates dont il s’est proclamé roi. Épopée flamboyante ? Nullement. Ce pirate a l’amour du travail bien fait, le souci des comptes bien tenus, l’obsession de la sécurité, bref, la mentalité d’un négociant consciencieux. Daniel Defoë pose ici le problème d’un certain rapport à l’actualité. Dans cette fausse autobiographie, le pirate-mercanti n’est pas pris au sérieux. Pas plus que les écrivains ou journalistes peu scrupuleux qui exploitent le goût du sensationnel. L’auteur s’amuse. Il parodie les vies de criminels célèbres, démonte le mécanisme des récits à scandale et joue avec les règles de la fiction qui permettent de mentir en toute impunité : "Cette relation (...) ressemble plus à l’histoire du capitaine Avery qu’aucune autre publication à ce jour. Et s’il n’est pas prouvé que le capitaine a écrit lui-même ces lettres, l’éditeur affirme que nul autre que le capitaine lui-même ne pourra jamais les rectifier"…