Le retour de Lilith

Joumana Haddad

Le retour de Lilith
93 pages
Popularité
Popularité du livre : faible
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Dans ce texte poétique sensuel et fervent, Lilith la scandaleuse devient la porte-parole de toutes les femmes libres d’être et d’aimer.

Par l’auteur de J’ai tué Schéhérazade. «Je suis Lilith la femme destin. Aucun mâle n’échappe à mon sort, et aucun mâle ne voudrait m’échapper, Je suis la vierge Lilith, visage invisible de la libertine, la mère amante et la femme homme. La nuit car je suis le jour, le côté droit car je suis le côté gauche, et le Sud car je suis le Nord. Je suis la femme festin et les convives. On m’a surnommée sorcière ailée de la nuit, déesse de la séduction et du désir, reine des plaisirs solitaires.

On m’a délivrée du carcan de procréatrice pour que je sois le destin immortel. Je suis Lilith aux seins blancs. Irrésistible est mon charme car mes cheveux sont noirs et longs, et de miel sont mes yeux…» Lilith, c’est la première femme, compagne d’Adam qui a fui le paradis car elle refusait de se soumettre à l’homme dont elle se considérait l’égale ; la menaçante, la tentatrice, que la Bible ne mentionne qu’à contrecœur et la plupart du temps sans la nommer, sur laquelle la tradition hébraïque est plus prolixe mais pas moins accablante.

Elle est l’incarnation de la féminité primale, celle que le mâle redoute car elle est capable de se libérer de son emprise, voire de prendre le pouvoir par la ruse. Elle se trouve donc associée aux sorcières, aux serpents, aux sirènes, aux goules… en un mot aux créatures démoniaques capables d’asservir l’homme. Mais elle est aussi et pour les mêmes raisons une figure de la féminité glorieuse, puissante et libre, revendiquée par les féministes depuis les années 1970.

Rien d’étonnant donc à voir l’auteure de J’ai tué Schéhérazade s’emparer de ce personnage biblique dans un texte incandescent, pour évoquer la féminité dans son plein épanouissement, la femme égale de l’homme dans le désir et dans l’accomplissement. Ce long poème en prose sensuel et fervent s’inscrit dans la même tradition que certains quatrains d’Omar Khayyâm ou les poèmes d’Abû-Nuwâs, avec lesquels il partage un érotisme joyeux indissociable de la vraie liberté d’être et d’aimer.

«De la flûte des deux cuisses monte mon chant, Et de ma luxure s’ouvrent les fleuves. Comment pourrait-il ne pas y avoir de déluge, A chaque fois qu’entre mes lèvres verticales brille un sourire ?

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