Le procès de Franz Kafka
Pour ce roman, traduit dans le monde entier, connu même de ceux qui ne l'ont pas lu et qui passe souvent pour l'emblème de la littérature européenne écrite après la Première Guerre mondiale, le présentateur n'aura pas la présomption ni de proposer une interprétation nouvelle, ni de faire le point sur toutes celles qui ont été avancées depuis soixante-dix ans : même s'il voulait s'en tenir aux noms les plus illustres, la tâche serait démesurée. Il ne sera donc question ici que d'un parcours à travers ce texte, parcours qui, avant de l'interpréter, s'efforce d'aider à le comprendre, c'est-à-dire d'éclairer, sans forcément les résoudre, les principales difficultés auxquelles se heurte le lecteur - et à partir desquelles les spécialistes ont construit leurs interprétations. [...] Ce parcours suivra une hypothèse et une règle de méthode dont nous empruntons la formulation à Pietro Citati, mais qui se trouvent aussi chez d'autres spécialistes : l'écriture de Kafka « hasarde simultanément des hypothèses opposées » ; il faudrait, en la commentant, s'efforcer d'« avoir présents à l'esprit tous les événements et les personnages » et d'« entrelacer » tous les fils qui la composent.