Le diable au creux de la main
De la jungle du Guatemala aux montagnes de l’Afghanistan, des bordels de Saigon aux ruines de Sarajevo, un reporter de guerre raconte les conflits qu'il a couverts durant vingt ans, au gré de ses rencontres (bourreaux ou martyrs). Mais c'est aussi l'aventure intérieure d'un petit-fils de victimes du génocide arménien, qui a cherché, en capturant l'Histoire, à faire la paix avec la sienne.
« De tous les métiers, j’ai choisi le journalisme. De tous les journalismes, j’ai choisi celui des conflits. On m’a souvent demandé pourquoi. La réponse s’est imposée à moi au fil des mots et des images, dirigeant ma main à leur gré, au rebours de mes intentions. Je voulais raconter vingt années de soubresauts du monde. Au fond, j’ai aussi raconté les miens. Chaque charnier, chaque réfugié, chaque héros, chaque bourreau m’a renvoyé au destin de ma famille, à celui des Arméniens. C’est le manque de contours de ma propre histoire qui m’a incité à dessiner celle des autres. On ne fait jamais rien par hasard. »
Irak, Iran, Vietnam, Cambodge, Guatemala, Turquie, Afghanistan… L’auteur a suivi le flux des conflits qui ont agité la planète des années 1970 à nos jours.
C’est un livre d’aventures et un témoignage émaillé de portraits vivants, de destins tragiques ou dramatiques, héroïques ou pathétiques d’hommes et de femmes nés au mauvais endroit, au mauvais moment – Mickey, la petite pute rencontrée dans la jungle guatémaltèque ; Sead, un adolescent de Sarajevo aux joues rouges, messager pour l’armée bosniaque, tué à 16 ans par deux balles d’un sniper, alors qu’il lui montrait son quotidien –, mais aussi de jalons historiques plongeant le lecteur au cœur des soubresauts du monde. La force de ce récit tient encore dans l’empathie que l’auteur manifeste envers les personnes rencontrées, et dans sa quête des traces d’humanité partout où elle subsiste. Pascal Manoukian a accompagné la violence, la terreur, l’injustice et la misère là où elles avaient élues domicile. On ne ressort pas indemne de ces expériences-là, et il a dû apprendre à décharger le trop-plein d’émotions. Ce livre est fait aussi pour cela.