Le dernier empereur. Charles d'Autriche, 1887-1922
Vienne, 1916 : l'Empereur François-Joseph meurt après soixante-huit ans de règne. C'est son petit-neveu, l'Archiduc Charles, né en 1887, marié en 1911 à la Princesse Zita de Bourbon-Parme, qui lui succède sur le trône des Habsbourg. Le nouveau souverain, titré Charles I er en Autriche et Charles IV en Hongrie, a 29 ans, et un programme : la paix, les réformes. De 1916 à 1918, l'Empereur Charles tente l'impossible pour desserrer l'alliance allemande dont il a hérité et pour sortir son pays de la guerre. Dès son accession au trône, il ouvre des négociations secrètes avec les Alliés, notamment par le truchement de ses beaux-frères, Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, officiers dans l'armée belge. Charles I er rêve de la paix, mais nul ne saisit la main qu'il tend alors pour abréger le conflit. Le jeune monarque aspire également à de profondes réformes, voulant doter l'Autriche-Hongrie d'une Constitution fédéraliste qui aurait garanti des droits égaux aux douze nationalités peuplant son empire. Entre le conservatisme des uns et le nationalisme des autres, ce projet échouera aussi. En 1918, l'Autriche-Hongrie est démantelée, et l'empereur doit quitter le pouvoir. La famille impériale se réfugie en Suisse, mais Charles ne renonce pas à ses espoirs. Après deux vaines tentatives de restauration en Hongrie, en 1921, le couple impérial est astreint par les Alliés à la relégation sur l'île de Madère. Sans ressources, Charles et Zita y vivent dans le dénuement. Cette page sombre, vécue chrétiennement, s'achève dans le drame : le 1er avril 1922, l'empereur meurt à l'âge de 34 ans, laissant une veuve de 30 ans, enceinte de son huitième enfant. Le dernier empereur est une figure à qui l'Histoire a réservé une destinée tragique. Il est aussi une figure spirituelle : Charles d'Autriche a été béatifié par Jean-Paul II en 2004.