Le bonheur conforme
Comme modèle de bonheur, la publicité nous ressasse en tout lieu que la consommation est toute la vie et que la vie n'est que consommation. Au fil des affiches et des spots, toute l'aventure humaine se voit ramenée à l'acquisition de produits qui produiront du plaisir. Atteindre au bonheur conforme, c'est devoir vivre en individu égocentrique et infantile, jouissif et faussement performant, victime dès le plus jeune âge d'un destin de «nanti». Mais ce «bonheur», dont le système économique renouvelle sans cesse les signes obligés, implique une surconsommation qui n'est jamais tout à fait satisfaite. L'oppression de l'abondance engendre une population de frustrés.
Comme mode de communication, le discours publicitaire ne cesse de nier la liberté des citoyens. Il installe dans la conscience collective une scission généralisée entre la réalité des marchandises, que seuls ont à connaître les «spécialistes», et les vains miroitements dont on les couvre, à l'intention d'un public enfant qui ne saurait exister que dans un monde d'images. Quand le peuple souverain est fonctionnalisé en public consommateur, peut-on encore parler de démocratie?