Le Sylphe
Une œuvre de Crébillon, qui date de 1730, est consacrée tout entière au fantasme masturbatoire. […] Crébillon décida d'appeler Sylphe ce démon de la main solitaire", écrit Pascal Quignard dans Le Sexe et l'Effroi. Lassée du commerce des hommes, de l'agitation de la ville, des intrigues de salon, Madame de R*** se retire à la campagne. Alanguie sur son lit, elle est surprise par un sylphe, pur esprit invisible, qui vient lui déclarer sa flamme. Il lui promet un amour absolu et merveilleux. Cependant, en fin connaisseur des passions et des trahisons de l'âme humaine, il ne lui accordera cet amour qu'en échange d'une fidélité totale. Qu'elle refuse dès à présent cet amour ou qu'elle faille, plus tard, à cette fidélité et elle mourra. Lui se réserve le droit de tout interrompre selon son bon vouloir. Jouant sur les thèmes de la passion, de la tentation, de l'inconstance et du libertinage, le sylphe (être charmant mais songe absolu) peut être vu comme une allégorie du délice solitaire de la masturbation. En songe digne de ce nom, le sylphe fait trois petits tours et puis s'en va… --Fabienne Lesage