Le Père-Lachaise, jardin des ombres
Le Père-Lachaise... Ce nom, à lui seul, suffit à évoquer un lieu dont il est parfaitement inutile de préciser la nature. Chaque année, le plus grand espace vert parisien accueille trois millions et demi de visiteurs venus des quatre coins du monde célébrer le souvenir d'êtres chers, bien sûr, rendre un hommage posthume aux personnalités, nombreuses, qui y reposent (Chopin, Wilde, Piaf, Morrison...). Ou voyager dans le temps... Car la magie du Père-Lachaise se trouve à l'ombre de ses allées ô combien arborées (5 300 arbres, dont plusieurs centenaires), et dans ses profondeurs qui pourraient dire l'histoire pluriséculaire de cette colline de Charonne, laquelle connut son heure de gloire au XVIIe siècle. En pleine Fronde, le jeune roi Louis XIV vint en effet y trouver refuge, puis y installa son ami et confesseur, le père jésuite François d'Aix de La Chaise, qui donnerait son nom à l'endroit. Un siècle plus tard, la fermeture du cimetière intramuros des Innocents, devenu insalubre, obligea la Ville de Paris à ouvrir des nécropoles à l'extérieur de la capitale. À cette fin, elle acquit cette propriété de l'est parisien laissée à l'abandon et, au printemps 1804, le cimetière, conçu par Brongniart (l'architecte du palais de la Bourse), fut inauguré avec l'inhumation d'une petite fille de cinq ans, Adélaïde Paillard de Villeneuve. C'est en suivant les traces de cette enfant que Nathalie Rheims nous ouvre les portes d'un endroit unique au monde. Elle nous en livre les secrets, nous en dévoile les mystères, dans une promenade où le temps se dilue pour permettre la rencontre des vivants et des morts.