La sagesse espiègle
Je rêve d'un itinéraire qui m'apprenne à danser, à me départir de la dictature du on, pour progresser vers une complète déprise de soi. L'homme qui écrit ces lignes, pourquoi le cacher, a sombré au fin fond d'une addiction qui a bien failli le perdre. Dans son errance, il s'est souvent cassé la figure contre d'inefficaces injonctions, toujours cette orthopédie mentale, cette camisole de force qu'on voudrait refiler à celui qui révèle notre impuissance. À bout, il a dû emprunter des voies peu fréquentées et, pour tout dire, pas très orthodoxes. D'où le carnet de route qui suit, sorte de récit clinique, de tentatives de trouver un équilibre... C'est que la grande santé ne saurait être créée in vitro. Elle se vit, elle s'expérimente, elle s'incarne dans des êtres de chair, de larmes, de pulsions et de joies. C'est cette aventure que je m'apprête à retracer, convaincu que le philosophe ne plane pas en dehors de la cité, dans le ciel des idées, mais qu'il s'assigne pour tâche de traverser les tourments d'une vie, de scruter ce qui met en échec sa volonté et le tire vers le bas, d'aider tout un chacun à ne plus craindre le chaos pour l'habiter, allègrement.»
Ce voyage au fin fond de la dépendance, cette invitation au gai acquiescement de soi emprunte deux versants. Sous la forme d'un traité, sont explorées les voies qui conduisent à la grande santé, au joyeux dire oui. En contrepoint, dans des fragments, une autre voix se donne à entendre. À la troisième personne, lointaine et pourtant si intime, l'auteur narre sa singulière quête de liberté en plein chaos. Chemin faisant, Alexandre Jollien nous livre un carnet de route, un véritable traité de déculpabilisation. Cet essai de philosophie pratique dessine un lumineux art de vivre surgi du fond du fond.