La pensée 68
Ce livre, qui fut au coeur d'une large polémique, témoigne d'un changement de génération intellectuelle. Comme le mouvement de Mai, les principaux courants de la philosophie française contemporaine s'enracinaient dans le traumatisme de l'après-guerre : puisque les valeurs occidentales n'avaient empêché ni le colonialisme ni le totalitarisme nazi, il fallait inventer un avenir tout autre que celui des sociétés libérales. Mettant en question l'humanisme et la culture démocratique, les pensées issues de Nietzsche, de Heidegger, de Marx et de freud, dont cet essai démêle et identifie les appprts chez Foucault, Derrida, Bourdieu et Lacan, occupèrent le devant de la scène. Beaucoup mesurent aujourd'hui, y compris parmi les acteurs de Mai qui s'interrogent à nouveau sur les chances de la démocratie, que la philosophie des structures et de la «mort de l'homme» est désuète. L'«affaire Heidegger» a manifesté les difficultés auxquelles se trouve confrontée la tradition anti-humaniste : raison supplémentaire, et impérieuse, d'en comprendre la genèse et d'en repérer les impasses.