La corruption du meilleur engendre le pire
Ivan Illich (1926-2002) prétendait traiter en historien des questions que d'autres auraient adressé à des théologiens. Il reprochait à l'Église d'avoir institutionnalisé ce qui, par essence, est gratuit, et d'avoir instrumentalisé la charité. Il voyait dans cette perversion d'origine lointaine des institutions modernes comme l'Eglise, l'Ecole et l'Université, et ne cessa d'inciter le monde occidental à repenser celles-ci fondamentalement. A la fin de sa vie, dans ces entretiens accordés à David Cayley, il parle pour la première fois de la "corruption" du Nouveau Testament qui lui paraît le "péché originel" menant tout droit à la société de consommation, à la misère des autres, et à une relation aliénée entre les êtres. Ces entretiens constituent une sorte de "testament spirituel" qui éclaire l'ensemble de l'œuvre d'Ivan Illich. Il pose l'histoire du bon Samaritain et son acte de miséricorde spontanée - sans considération d'origine ni de religion - comme le véritable fondement d'une éthique capable d'unir au lieu de diviser. Un essai d'une force et d'une perspicacité rares à l'heure où les différentes croyances s'affrontent et se combattent...