La beauté des nuits du monde
Marguerite Duras n'aimait pas voyager. Les paysages du bout du monde qui abondent dans son oeuvre doivent plus à l'imaginaire qu'au souvenir et c'est d'une relecture de l'Ancien Testament qu'elle s'inspirait pour décrire la lumière de Palestine. Laure Adler, qui a de Marguerite Duras et de son oeuvre une connaissance profonde et empathique, a composé un itinéraire qui, de la mer à la mort en passant par le temps suspendu des dimanches aux colonies ou l'Italie des soirs d'été, nous entraîne à la redécouverte d'une oeuvre parmi les plus originales du XXe siècle. " Tout bouge, tout tremble, tout tangue quand son écriture nous prend ", écrit Laure Adler. " Duras nous envoûte, nous déstabilise et nous entraîne à marcher dans les rues en gardant les yeux grands ouverts sur l'apparente banalité du monde ". Duras avait le goût des maisons et des lieux où inventer, à partir de trois fois rien et presque sans bouger, son univers. Son appartement des Roches Noires à Trouville fut un de ces lieux magiques. La photographe Dominique Issermann, qui y fut sa voisine et son amie, nous invite à passer en images " Une journée à Trouville " chez Marguerite Duras : sa maison, ses objets - manuscrits, coquillages, vestiges divers rejetés par la mer, bouts de tissus, menus trésors amoureusement collectés et disposés, qui lui étaient à eux seuls tout un voyage.