La Tour
La Tour
Critiques, essais et analyses de littérature (2012)
976 pages
Dresde, 1982. Les habitants d'un quartier résidentiel cossu se sont depuis longtemps accomodé des conditions de vie. Pourtant, les membres de cette bourgeoisie est-allemande, véritable anachronisme en RDA, s'isolent parfois pour tourner le dos à la grisaille quotidienne.
A commencer par Meno, correcteur pour une maison d'édition, qui se doit de composer avec la censure ; mais aussi son beau-frère, chirurgien qui mène une double vie et qui, avec sa femme, aveugle et aimante, a élevé son fils. Celui-ci est un éternel incompris qui incarne pour l'Homme Nouveau dont le nom rayonnera un jour, dans le respect des plus belles valeurs – vie familiale harmonieuse, amour de la culture, pratique de la musique, travail acharné. Toutefois, cette peinture idyllique ne tarde pas à se lézarder et bientôt, c'est le pays tout entier qui tremble...
Uwe Tellkamp nous plonge dans l'ambiance de la RDA à travers le prisme d'une époque oubliée, réplique de l'Allemagne cultivée de la fin du XIXème siècle, bulle délicieusement désuète dans ce pays productiviste et matérialiste. Mais pour décrire cette Allemagne de l'Est agonisante, jamais il n'adopte le ton de la dénonciation : il préfère nous guider dans les méandres et les secrets de ce monde qui nous a d'abord paru si lisse et si parfait, et qui s'avère finalement être un des rouages du système.