La Bonne Moitié
Qui est Théo Vanderputte, une «si vieille personne» qui s'occupe des enfants des résistants fusillés, jusqu'au jour où ces enfants «s'occupent» de lui à leur tour ? Un monstre qui dort peut-être toujours au fond de l'humain, dans cette tanière obscure où l'Histoire va si souvent le chercher, le réveiller, l'utiliser ? Un martyr, un traître, ou les deux à la fois ? Comment distinguer en lui la «bonne moitié» de l'autre, la part coupable ? Comment le «calculer» ? Comment, dans cette étrange et presque clownesque créature qui semble surgie de quelque tragique et bouffonne commedia dell'arte, châtier ce qui ne peut être pardonné et épargner ce qui est pitoyable ? Tel est le dilemme devant lequel se trouvent Luc, fils d'un compagnon de la Libération, dix-huit ans, Raton, un pied-noir, seize ans, Jannie, seize ans, et Velours, douze ans. Réfugiés dans l'hôtel particulier d'un déporté à Buchenwald, ils sont soudain confrontés avec tout ce qui, dans l'homme, est pitié, horreur, crime, absurdité, vilenie, mais, par-dessus tout, victime. Recherché par les comités d'épuration, Théo est jugé par ses pupilles, dont l'aîné, Luc Martin, reconnaît en lui l'incarnation même de ce qu'une époque terrible a pu faire de l'homme - et à l'homme.