La Belle à dos d'âne dans l'avenue de Chang'an
La belle à dos d'âne dans l'avenue de Chang'an ; Le Combat dans la peupleraie ; Les Poucettes ; La femme au bouquet de fleurs.
Ces quatre récits s'inscrivent dans la lignée de la longue nouvelle La joie, où Mo Yan porte un regard critique sur la société contemporaine, en particulier sur le monde des campagnes (trop souvent oublié de nos jours, alors que l'on ne songe plus qu'au fantastique essor urbain de la Chine). On y retrouve le même sens du tragique, la même intensité des sensations qui s'e¬erbent au contact de la nature, la même prédilection pour le réalisme magique ainsi que l'insidieuse présence de la mort.
Ainsi, cette étrange nouvelle, Les Poucettes, dont le protagoniste est un enfant de huit ans qui a perdu son père, frappé par la richesse des sensations, la profusion des couleurs, les visions fantastiques de cet enfant face à une nature peuplée d'esprits qui semblent habiter les hiboux, les corbeaux, les arbres. Il fera une mauvaise rencontre qui sera la source de son malheur : attaché à un arbre, il comprend alors qu il a perdu sa liberté.
Cette arrestation est-elle une allégorie de sa triste condition paysanne? L'indifférence et l'impuissance générales face à cette capture insolite laissent perplexes : l'enfant orphelin, faute d'argent pour soigner sa mère, n'échappera pas en effet à un destin tragique.
Attendries par cet enfant sans défense, quelques femmes apportent ici une touche d'humanité à ce monde implacable, où chacun lutte dans la solitude pour sa propre survie.