Ce livre est une espèce d'autobiographie spirituelle, le journal d'une crise à la fois personnelle et mondiale : si le romancier s'y interroge sur l'art et la littérature, c'est en les confrontant à ce qu'il tient pour l'écroulement de notre temps.

Aussi bien est-ce en tant qu'écrivain de fiction -- un des plus grands de notre époque et dont l'oeuvre a reçu la reconnaissance de Thomas Mann, Witold Gombrowicz et Albert Camus -- qu'Ernesto Sabato conduit une réflexion polémique, subversive, sur ce que la littérature est seule à pouvoir sauver aujourd'hui : l'unité de l'homme, face à la dispersion née de de la science comme des militantismes.

Ecrivain argentin, de surcroît. Qui parle de notre civilisation, et ce qu'y peut restaurer le roman, à partir, comme il dit, d'une de ses marges : d'où, par exemple, sur Vinci, Borges ou robbe-Grillet, une perspective inattendue, qui éclairera par contrecoup ses trois grands romans.