L'Odyssée de la peur
Allemagne, 1939. Les juifs allemands cherchent à quitter le pays pour échapper à la déportation. Lorsque le Consulat de Cuba à Hambourg met en vente des permis de débarquer assorti d'un billet sur un bateau allemand, le Saint-Louis, c'est la ruée. Le 13 mai 1939, le Saint-Louis largue les amarres, destination : La Havane. Ils sont 937 à bord, persuadés d'avoir sauvé leurs vies. Le 27 mai, le bateau jette l'ancre à La Havane mais personne n'est autorisé à y débarquer. Les règles ont changé... Pendant 6 jours, les négociations vont bon train. En vain. Le 2 juin, le bateau quitte La Havane et fait des ronds dans l'eau au large de la Floride. Pendant ce temps, tout sera fait pour tenter de trouver asile aux Etats-Unis, au Canada, en Amérique Centrale, en Amérique du Sud... La réponse sera toujours la même : non ! Hitler peut exulter, les nazis ne sont pas les seuls à rejeter les juifs ! Le 6 juin, le bateau est contraint de retourner en Europe. Il arrive à Anvers le 17, où ses passagers sont finalement accueillis par quatre pays européens : l'Angleterre, la Belgique, la France et les Pays-Bas. Trois mois plus tard, la guerre éclate, les Juifs du Saint-Louis seront déportés parmi les premiers, un tiers d'entre eux périra dans les camps de la mort...
Pour raconter cette histoire, Bernard Benyamin a retrouvé une dizaine de survivants aux Etats-Unis. Il a eu accès à de nouvelles archives allemandes et américaines jusqu'alors peu exploitées. C'est un Exodus avant l'heure, le symbole de l'égoïsme des nations occidentales face à la tragédie qui se jouait alors en Europe... Un drame qui nous renvoie directement à celui des réfugiés de Méditerranée aujourd'hui.