King Ink T1 - King Ink
King Ink I, on découvre notamment les textes des trois premiers albums du plus sombre compositeur rock contemporain, lesquels voguent de croix ensanglantées en amours déments et de corbeaux malfaisants en cimetières des réprouvés.
Nick Cave publie son premier disque en 1984. De From Her To Eternity se dégage une atmosphère délétère inspirée par les tréfonds de la littérature du Sud des Etats-Unis, dont les principaux représentants sont William Faulkner, Carson McCullers ou Hunter Thompson. Le compositeur blême fait sien l'Amérique des prophètes millénaristes et des marais infinis. L’opus déborde d'allégories tirées des écritures saintes (Well Of Misery) et de mondes en pleine déréliction (Cabin Fever). Dans Saint Huck, Cave décrit la déchéance d’un homme hantant les rives putrescentes du Mississippi sur un rafiot pourri. Dans le From Her To Eternity éponyme de l’album, un amoureux éconduit crache à la face du monde l'inhumanité d’une nuit de solitude. Enfin, Nick Cave effeuille les ailes des mouches comme on effeuille les marguerites pour s’assurer de l’amour de l’être cher (Wings Off Flies). A cette époque, le chanteur puise son inspiration musicale dans le blues traditionnel - John Lee Hooker par exemple.
Nick Cave poursuit ses obsessions faulknériennes dans son deuxième album, The First Born Is Dead (1985). Son attirance pour les obscurités de l’âme marque toujours autant l'ambiance de ses ritournelles. Ces dernières sont hantées par des déséquilibrés, fruits d'étreintes consanguines, commettant meurtres sur meurtres. Blind Lemon Jefferson conte une liquidation à caractère raciste, Wanted Man la fuite d'un tueur en série et Knockin’ on Joe un crime passionnel. Dans l’épique Tupelo, Nick Cave chante les nuages apocalyptiques menaçant une contrée corrompue par le vice. Le lecteur sent l'orage annonciateur d'un déluge purificateur gronder et les canassons fous hennir d’épouvante.
King Ink I se termine par les créations sépulcrales de l’album Your Funeral, My Trial (1986). Le morceau The Carny , qui conte la mystérieuse disparition d’un saltimbanque, est l’un des airs majeurs des Ailes du désir, un film de Wim Wenders. Quant à lui, le poignant Sad Waters séduit par la délicatesse de l'amour mystique et religieux qu’il fait ressentir.