Kama
Kama a dix ans et vit à Varsovie avec toute sa famille quand les Allemands attaquent la Pologne, le 1er septembre 1939. En un mois, le pays entier est envahi. L'Allemagne de Hitler et la Russie de Staline se le partagent comme on déchire un morceau de papier. Kama est juive. Ça n'a jamais été un problème pour elle, elle ne le savait même pas. Elle apprend brusquement que les Juifs sont indésirables, haïs, chassés dans toute l'Europe. De cave en cave, de ville en ville, de train en train, elle doit fuir avec ses parents. Ils fuient les bombardements, l'avancée des troupes ennemies. Ils fuient les interdictions, les brimades faites aux Juifs. Jusqu'où fuiront-ils ? Kama, qu'on appelait affectueusement avant la guerre Kama la guêpe, parce qu'elle ne tenait pas en place, Kama la bougeotte est servie. Elle irait volontiers jusqu'en Chine, jusqu'au bout du monde, pourvu que ses parents l'accompagnent, pourvu qu'elle ait un bon livre à lire, qui l'aide à oublier le bruit des bombes et la longueur de l'exode. En traversant la guerre, Kama apprend l'histoire, en traversant le continent, elle apprend la géographie. En changeant de pays, Kama apprend les langues. Kama la guêpe, au plus profond de son coeur, est une amoureuse de la vie. Après Le Langage secret des chimpanzés, L'Histoire du Japon médiéval, La Vie de Ludwig van Beethoven, Jean-Jacques Greif, devenu le spécialiste jovial des histoires réputées inracontables, a décidé de familiariser ses lecteurs avec les rebondissements et les subtilités de la Seconde Guerre mondiale. Pour inventer l'histoire de Kama, il s'est inspiré de la vie authentique d'une vieille dame de ses amis, l'Adèle du livre, l'intrépide maman de Kama.