Journaux de bord (1947-1954)
Dans l’Évangile qui porte son nom, saint Matthieu pose l’équation : "Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus." Quelque vingt siècles plus tard, un écrivain français si peu français la retourne : "Très peu d’appelés, encore moins d’élus." Jack Kerouac, plus criminel encore peut-être, retourne le retournement : "Car beaucoup sont élus, mais peu sont venus."
C’est dans ces Journaux de bord – tenus entre 1947 et 1954, publiés aux États-Unis en 2004 et accueillis avec une indifférence qui tentait vainement d’être à la hauteur de ce crime discret contre l’humanité – que Jack Kerouac a élaboré, dans le secret absolu, sa formule. Ses amis jaloux à l'époque, ses lecteurs distraits par la suite, ses cinéphiles hébétés d’aujourd’hui le croyaient sur la route. Cette proposition baroque, irrégulière, requiert désormais toute notre attention.
Lisons.»
Pierre Guglielmina.