Journal d'antigone 1989-1997
De 1989 à 1997, le personnage d'Antigone n'a cessé de m'habiter et d'orienter mes pensées et mon travail. Ce n'est cependant qu'au cours de l'été 1992 que j'ai senti qu'il fallait que je tente d'écrire ce livre.
Pourquoi cette décision tardive ? je pensais avant cela que j'avais dit tout ce que je pouvais dire sur Antigone dans mon roman précédent. Je ne me suis aperçu que lentement qu'Antigone avait continué à vivre et à évoluer en moi, depuis l'achèvement d'Œdipe sur la route, et que je devais me risquer avec elle dans une aventure toute nouvelle.
Œdipe sur la route se situait entre deux pièces de Sophocle, Œdipe roi et Œdipe à Colone, alors qu'Antigone se situe sur le terrain même de la tragédie de Sophocle. Deux ans et demi d'attente et de tâtonnements m'ont été nécessaires pour surmonter cette difficulté, en me disant que les moyens du roman n'étaient pas ceux de la tragédie et que je pouvais, moi aussi, tenter d'évoquer non pas une Antigone nouvelle mais une Antigone originelle.
De toutes ces recherches et des mouvements de mon écriture pendant que j'écrivais mon livre, ce journal d'Antigone porte témoignage. Au fil des jours, il montre l'évolution de l'histoire d'Antigone, des changements qui se manifestent dans mes personnages et de mes problèmes d'écriture.
Ce journal d'Antigone est beaucoup moins important que celui que j'ai tenu, j'ai tenté de ne garder que l'essentiel pour orienter le lecteur non vers moi mais vers Antigone. On s'étonnera dès lors qu'une large place soit accordée aux paysages de la Vienne et aux fleurs. C'est qu'ils ont été pour moi, souvent, passages et présence physique d'Antigone.