Je m'attache très facilement
« Elle parle, dans le désordre, des moutons écossais, de la lande écossaise, des chardons écossais, des mouettes écossaises, il accepte, bon gré mal gré, d'aborder avec elle ce thème nationaliste et agreste.
Il l'écoute, la regarde, troublé. Tout en elle l'enchante, et notre héros s'en veut de cet enchantement qu'elle fait naître si aisément en lui, par son simple éclat, sans nul effort, et pire, sans même le souhaiter. Beaucoup sont tombés, tomberont sous son charme. Il ne lui reproche pas cette injustice, mais il en souffre. Il devine aussi que, quels que soient les efforts qu'il déploiera, lui ne l'enchantera pas. Ne jette pas un sort qui veut. »
Je m'attache très facilement est le récit clinique de trois jours d'une Bérézina amoureuse. Un homme (« notre héros »), bientôt atteint par la cinquantaine, a décidé, sur un coup de tête, de rejoindre en Écosse sa jeune maîtresse (« notre héroïne »), de vingt ans plus jeune que lui. Sa visite n'est pas véritablement désirée. « Notre héros » s'en doute, mais rien ne l'arrête.
La succession drolatique de ses mésaventures et déconvenues raconte, avec une belle énergie et un sens féroce de la dérision, la plus vieille histoire du monde, celle du fantasme d'amour et de son déni.