Gordana
Gordana n’a pas trente ans. Son corps sue l’adversité et la fatigue ancienne. Le monde lui résiste : rien ne lui fut donné, ni à elle ni à celles et ceux qui l’ont précédés, l’ont fabriquée et jetée là, en caisse 4, au Franprix du numéro 93 de la rue du Rendez-Vous dans le 12ème arrondissement de Paris. Le corps de Gordana, sa voix, son accent, son prénom, son maintien, viennent de loin, des frontières refusées, des exils forcés, des saccages de l’histoire qui écrase les vies à grands coups de traités plus ou moins hâtivement ficelés."
Marie-hélène Lafon s'offre une incursion dans un supermarché parisien. De son écriture puissante et tendue, elle transforme ce lieu le moins propice à la littérature en théâtre même de la fiction, pour inventer Gordana une vie, des souvenirs, un destin.
Nihâl Martli fait sienne cette réalité fantasmée, saisit un rêve, s'empare d'un détail, ponctue l'histoire de Gordana de ses peintures tour à tour poétiques ou déroutantes.