Gonzo : Ecrits rock, 1973-2001
Ils ne sont guère légion les scribouillards gaulois de la cause rock ayant réussi à imposer leur nom. Les Américains ont Lester Bangs, Richard Meltzer, Peter Guralnick, Nick Tosches, Greil Marcus, Dave Marsh, Colin Escott, etc. Les Anglais ont Nick Kent, Jon Savage, Nik Cohn, Barney Hoskyns, etc. Et nous ? Sans qu'il soit question d'un quelconque concours en perfecto, avons-nous de quoi rivaliser face aux pointures anglo-saxonnes ? N'en déplaise à certains, Patrick Eudeline est l'un des rares noms qu'il soit possible de prononcer sans sombrer dans le ridicule. Pour preuve, cet assemblage de textes publiés entre 1973 et 2001 dans les colonnes de Best, Rock & Folk, Libération, Actuel, Nova Mag et quelques autres feuilles de chou ayant accueilli la plume du dandy parisien durant ces trente dernières années. Cette étiquette de dandy, Eudeline aura toujours tout fait et surtout tout écrit pour qu'elle ne se décolle jamais de la semelle de ses Beatles boots. Impossible pour cet ex-(toujours)punk de ne pas émailler ses écrits d'emprunts à ses maîtres de la langue française. Impossible donc pour lui de ne pas entrechoquer les noms des Cramps, Stones, Velvet, Groovies, Vince Taylor ou Suicide avec ceux de Barbey, Huysmans, Barrès, Bloy, Daudet ou Darien. Et à coup d'anathèmes joliment ficelés, notre Des Esseintes en redingote et Ray Ban miroirs réussit à nous convaincre que Public Enemy étaient les Mac Orlan du ghetto.... Au final, cet assemblage non chronologique a du chien et impose UNE histoire du rock sans équivalent. --Marc Zisman