Flaques de verre
Pavés de cristal, rides de givre, abîmes gelés… Briser l’épaisseur du verre qui enclot le monde et le dissoudre en flaques désolées : telle est l’ambition de Reverdy, dont la poésie se reflète dans les glaces et se découvre derrière les vitres brisées. Progressant à tâtons, le poète surréaliste rassemble ces Flaques de verre (1929) pour proposer une vision fragmentaire et déformée du réel, à mi-chemin entre l’être et le paraître.
Rares sont les poètes qui, comme Reverdy, ont su charger leurs textes d’une telle aimantation secrète : ses poèmes en prose tout en énumérations, dénégations et clôtures évitent les chemins tracés pour emprunter les lisières et les contours. Ils cristallisent l’attente d’un objet insaisissable, captent les mouvants reflets d’une origine improbable.