La première fois que j'ai entendu parler de Finn Prescott, c'était à son enterrement. " Sans chercher à savoir en quoi sa présence s'avère indispensable aux funérailles de ce cousin éloigné dont personne n'a entendu parler depuis longtemps, le narrateur s'arrange pour se libérer, trouvant distrayant la perspective d'un conseil de famille mortuaire. Après l'incontournable étape du cimetière, il découvre que l'assemblée semble apparemment réjouie de ces retrouvailles improvisées. Installé un peu à l'écart du tumulte, il isole les conversations et, les recoupant les unes avec les autres, parvient à reconstituer la vie de Finn Prescott.

Qui fut-il ? Un enfant sans histoire, un jeune homme de vingt-sept ans solitaire qui ne fréquentait ni les cafés ni les clubs, un " brillant petit docteur qui avait fait ses études à la Grande Ville, que l'on aimait parce qu'il savait vous balayer une mauvaise grippe d'un sourire et d'une petite tape sur l'épaule ", un homme qui avait fermement cru en une vie à deux romanesque, un bourgeois épris d'idéal, un individu comme tant d'autres dont " le couple photogénique et rassurant avait brûlé tragiquement ", un pleureur condamné. " Pourtant, rien ne semblait pouvoir l'affecter, il était tout entier à son chagrin, à ses questions, à sa question : que vais-je devenir ? " Jérôme Lambert explore ici une originale Carte du tendre.

Porté par une écriture très minimale et joliment travaillée, Finn Prescott est un roman intemporel où prédominent l'humour et la grâce.