Exorcismes spirituels
Depuis 1997, Philippe Murray pratique ses "exorcismes spirituels". Il s'agit pour l'essentiel de recueils d'articles parus dans divers journaux et revues, aussi bien au Figaro qu'à Marianne, à L'Idiot international en son temps qu'à L'Infini, à Immédiatement, journal souverainiste, qu'à La Montagne. Contre la littérature du sentiment et celle du ressentiment, Murray se dit adepte de la littérature du pressentiment. L'auteur, très fâché avec notre époque, s'essaie, s'astreint même à toujours penser librement. De cette pensée très libre, et donc forcément un peu éparpillée, on retient quelques thèmes récurrents tels que la montée dans les médias d'un verbiage épurateur, la supériorité aujourd'hui d'une forme consensuelle de moralité sur tout essai de critique fondée, la folie des procédures en tout genre, l'extension des droits particuliers, le chantage, etc. Au fil des articles, on comprend que ce qui inquiète Murray est l'état d'une démocratie béate où il n'y a plus rien à dépasser, comme si tout principe de subversion était automatiquement neutralisé ou récupéré, et tout principe de contradiction éradiqué. Murray tente de réveiller l'époque, affirmant que "nous vivons un totalitarisme souple, complexe, inconscient". "Ce n'est qu'un début, continuons le constat" annonce-t-il. Plus réactif que réactionnaire, Murray combat pour la défense de la liberté de penser, vrai droit imprescriptible paraît-il en démocratie, et contre la bouffonnerie hédoniste qui menace notre civilisation. --Denis Gombert