Et toujours elle m'écrivait
Tu me connais, mon chéri, je ne t’écrirai pas. » Et toujours elle m’écrivait. En écrivant ce récit, j’ai compris toute la portée de cette promesse allègrement trahie. Ces lettres, ces petites cartes, tel un aveu, m’apportaient la seule bonne nouvelle : ma mère m’aimait, malgré elle, mais elle m’aimait. (...) C’est pour cela que je me suis accroché aux mots. Ils furent toujours mes alliés, que ce soit seul devant ma feuille de papier, devant l’écran de mon ordinateur, dans le secret du cabinet de l’analyste, je n’ai eu que les mots pour déjouer les mensonges et traquer la vérité où qu’elle se niche, que les mots pour faire parler les silences et pour accoucher les morts de leur vérité, fut-elle terrible. »
Seule la littérature peut rendre compte de l’ineffable de la psychanalyse. « Jean-Marc Savoye y parvient en évitant les écueils de l’impudeur ou de l’apitoiement dans un récit qui lui appartient en propre mais nous concerne cependant tous, névrosés ordinaires que nous sommes » écrit Grimbert.
C’est aussi un projet totalement inédit : par des interventions ponctuelles lumineuses, Philippe Grimbert, avec qui Savoye a terminé son analyse, éclaire pour son ancien patient et pour le lecteur, ce qui s’est joué. Un pari admirablement réussi.