Discours de réception du Prix Nobel
Ceci n’est pas un roman. Pas tout à fait un essai non plus. C’est un discours. Celui que je prononcerais si on me décernait le prix Nobel.
Évidemment, je ne le recevrai jamais. Je le sais. Je ne suis pas fou. Mais si on me le remettait, si on m’en donnait l’occasion, voici ce que j’aurais à dire. Voici ce que je trouve important, urgent de dire.
Voici ce qui occupe mes pensées depuis quelques années.
Les romans nous disent que nous ne sommes pas le centre de l’univers, que nos certitudes sont au mieux des habitudes bien ancrées. La littérature est, par son essence même, antitotalitaire, empathique, communautaire, elle nous met à la place de l’autre. Elle nous expose aux fragilités, aux contradictions, aux paradoxes. Elle contredit l’ensemble des discours politiques et commerciaux selon lesquels le client est roi même si, dans les faits, il n’est que le pion facilement sacrifiable d’un vaste jeu d’échecs.