Dialectique de la communication éthique et éthico
Les moyens de communication se perfectionnent sans cesse - on arrive à imprimer de plus en plus vite, à une vitesse incroyable - mais la vitesse augmentant, les communications deviennent de plus en plus hâtives, de plus en plus confuses. Et malheur à quiconque se risque, au nom de la primitivité de Dieu, à faire contrepoids ! Comme l’individu est pris dans le tourbillon de l’impatience pour se faire tout de suite comprendre, ainsi la génération émet la tyrannique exigence de comprendre l’individu sur-le-champ. Voilà ce qui produit l’improbité ; les concepts sont abolis, le langage devient confus, les arguments contradictoires se croisent… Il est impossible de trouver des conditions plus favorables à tous les radoteurs, car la confusion générale dissimule leur déséquilibre personnel. C’est l’âge d’or des radoteurs. Telle est la confusion de l’époque moderne : elle traîne le terrible fardeau du traditionnel ; plus que jamais les humains sont prisonniers de la confusion de l’existence. C’est le manque de probité de ce temps ». - Sören Kierkegaard Les Leçons sur la dialectique de la communication éthique et éthico-religieuse (1847) ont une signification spéciale, en ce qu’elles traitent de l’éthique en s’interrogeant sur les conditions de tout discours, donc sur les rapports d’un objet au langage en acte. C’est une position de retrait ou de surplomb, celle d’une interrogation sur les conditions de toute communication ou sur les rapports de la communication à tout objet possible. Bien avant le développement de la philosophie du langage et de la communication, Kierkegaard a soutenu que les diverses modalités existentielles, les manières de vivre ou les pratiques éthiques ne peuvent être comprises que rapportées à un acte de communication.