Dead Elvis : Chronique d'une obsession culturelle
Auteur : Greil Marcus, né à San Francisco en 1945, est diplômé d’études de Sciences Politiques à Berkeley. Il fut l’un des éditeurs de 1969-70 de Rolling Stone, magazine pour lequel il rédigea une chronique consacrée aux livres de 1975 à 1980. De 1983 à 1988, Greil Marcus a présidé le National Book Critics Circle. Il est surtout l’auteur de Lipstick Traces : une histoire secrète du XXe siècle, et de Mistery Train, tous deux parus en France aux éditions Allia, respectivement en 1998 et 2001.Avec lui, la critique rock s’est élevée au rang d’art à part entière. Le livre : De son vivant, Presley a révolutionné la musique populaire et bouleversé la société américaine tout entière. Les choses ne se sont pas arrêtées à sa mort.Au contraire, depuis son overdose en 1977 sa figure hante et travaille l’Amérique comme jamais peut-être auparavant. On a tout dit, tout imaginé, tout réalisé, depuis la thèse de son enlèvement par des extra-terrestres jusqu’à la commercialisation de portions alimentaires conçues à partir de son corps prétendument déterré. Il est véritablement, un des authentiques mythes du vingtième siècle. C’est ce mythe que Greil Marcus entreprend ici de décrypter en analysant ses composantes : le fils prodige aux racines judéo-indiennes ;le militaire, le beau gosse, celui qui frisa la pédophilie avec une collégienne de quatorze ans, sauvé in extremis du scandale par le mariage ; le pauvre accédant à la richesse à vingt-deux ans à peine ; le manant devenu le King ; son rêve frustré d’acteur ; l’amateur d’armes à feu ; alcoolique ; le camé ; le boulimique ; le milliardaire sombrant dans la déchéance physique ; enfin, et surtout, le chanteur blanc qui chante comme un nègre. Livres, photos, déclarations et extraits de presse à l’appui (“ Une statue d’Elvis Presley retouvée sur Mars ” titrait le Sun du 20 septembre 1988), Greil Marcus nous offre un voyage à la fois hilarant et effrayant au cœur de l’inconscient américain. Le plus beau, peut-être, dans ce livre, c’est que jamais Marcus n’aborde Presley avec condescendance ou ironie. Il est pour lui, au même titre qu’Herman Melville (on lira sur cette comparaison des pages étonnantes) un des plus grands créateurs américain, celui dont la voix, à elle seule, renvoie l’Amérique face à elle même et à son subconscient. Dead Elvis réalise le tour de force d’être le livre le plus drôle jamais écrit sur Presley et celui qui prend son sujet le plus au sérieux.