De l'improbable - Mo(r)t
Lors de la parution de son dernier recueil, Tracé du vivant, publié aux Éditions Arfuyen nous soulignions qu'avec Andrée Chedid (1920-2011) et Anise Koltz, elle était l'une des voix féminines majeures de la poésie francophone. Une voix caractérisée par le refus de toute emphase et de tout « arrière-monde » et marquée par une farouche volonté de vivre et une terrible lucidité sur la fragilité de notre condition. Chez Marie-Claire Bancquart, l'expérience de la souffrance est fondatrice. C'est celle d'un corps qui depuis l'enfance l'a tenue recluse et empêchée. De cinq à neuf ans, elle a vécu enfermée dans un hôpital, le corps plâtré de la poitrine au pied gauche et au genou droit. Aucune plainte cependant chez Marie-Claire Bancquart, aucune condamnation de la vie, mais au contraire une tension permanente pour échapper au désespoir et reconnaître dans les choses les plus simples une fraternité de destin. Une écriture dédaigneuse de toute facilité lyrique, de toute pose philosophique, mais soucieuse avant tout de la plus grande justesse dans une présence au monde ressentie comme terriblement précaire et démunie. C'est Marie-Claire Bancquart elle-même qui a voulu ce livre ultime dont elle a elle-même choisi le titre : De l'improbable. Il regroupe deux textes inédits : MO(R)T, écrit en 2010 sous une forme tout à fait singulière dans l'oeuvre de l'écrivaine, et De l'improbable, le dernier texte qu'elle a pu elle-même relire. Elle a demandé à son élève et amie Aude Préta-de Beaufort d'y ajouter une courte postface. Citons-en ici le premier poème de De l'improbable, d'une discrétion tout ironique : « Attendant les paroles de la maladie // que signifie cette main / agrippée // on ne sait trop si c'est à la mort / ou à la vie ? » Et cet autre, le tout dernier, déchirant de douceur : « Laissez moi seule / avec l'oiseau / qui m'apporte / ce que vous savez ».
Livres de l'auteur : Marie Claire Bancquart
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