Dans ma maison de papier
Basée sur une pièce de théâtre de Philippe Dorin (Dans ma maison de papier, j’ai des poèmes sur le feu, ed. L’École des loisirs), Dans ma maison de papier est un huis-clos à trois personnages qui se joue des contraintes de temps et d’espace. La mort vient rendre visite à une vieille dame, il est temps...
Tel Antonius Block dans Le septième sceau d’Ingmar Bergman, la vieille dame (nommée Emma), engage un dialogue avec le funeste visiteur. Est-ce pour retarder l’échéance ou n’est-ce, l’espace d’un instant, que le questionnement métaphysique sur sa vie passée et son sens ? Une petite fille du nom d’Aimée, apparaît, les souvenirs affluent, la curiosité de l’enfant se déploit, les lieux changent... la mort attend. Qu’ont en commun les personnages d’Aimée et Emma ? Leur complicité, à la fois ludique et fusionnelle, teinte d’émotions positives ce face-à-face avec la mort.
Pierre Duba fait corps avec les dialogues rythmés et ciselés de Philippe Dorin ; il projette, au fil des pages, la géographie imaginaire d’une vie et met en scène le lieu -la maison de la vieille dame - comme peu d’auteurs savent en être capable.
Revenant fondamentalement à la bande dessinée, Pierre Duba en interroge plus que jamais ses structures narratives, aidé en cela par le jeu incessant des dialogues de Philippe Dorin et l’architecture des lieux.
Le personnage de la mort, directement inspiré du personnage de Robert Mitchum dans La nuit du chasseur de Charles Laughton, vient parachever l’ambiance fantasmagorique du récit retranscrit par Pierre Duba et se fond à merveille dans la trame de Philippe Dorin, tant les analogies s’interpénêtrent et se révèlent comme autant de clés à la lecture de cette adaptation.