Dans ma chambre
Francis Bacon disait : «Je veux simplement peindre un personnage dans sa chambre. Ce qui m'intéresse davantage c'est saisir dans l'apparence des êtres la mort qui travaille en eux.» La chambre ici est d'abord celle du narrateur, où tout généralement se résout en étreintes répétées, violentes ou non, heureuses ou pas, nulles, tragiques, qu'importe. C'est aussi le milieu homosexuel, la vie dans le ghetto à suivre les nuits et les petits matins d'un jeune parisien à la recherche désespérée de «la baise du siècle». De fait le tout est strictement sexuel et d'une violence sanglante. Dans une chambre ou l'alcôve sombre d'un bar, ces noces de sexe et de sang donnent une impression de chair abimée, déformée qui nous font voir davantage du côté de la peinture. Tous les coups sont permis et cela sonne curieusement dans un univers où «maintenant tout le monde est séropositif». Sorte d'introspection pornographique, radicale mais pas sans ironie, cette chronique crépusculaire ne tait rien, n'épargne rien ni personne et encore moins son auteur. Peut-on faire de sa vie la matière de son art ? Peut-on le faire avec cette impudeur ? C'est en fait la question de la liberté de la littérature que pose Dans ma chambre.