Courage et patience
Alors que je gravissais la petite route sinueuse menant au bout du village, Mohand, le vieil épicier, sortit de son échoppe pour m'embrasser et me souhaiter courage et patience. Puis ce fut Rachid qui sortit de son café pour m'embrasser et me souhaiter courage et patience. Pour finir, une ribambelle de gamins m'accompagna en silence jusqu'à la maison, perchée là-haut, sur la montagne.
Mon père reposait sur le sol en béton brut. Dans son linceul blanc, les mains jointes, la moustache soigneusement lissée, il était plus beau que tous les vivants, Vava Ali.
Comment guérir de la mort de son père enterré là-bas en Kabylie alors que la pluie pourrit l'été, que seuls les parasites hantent Paris et qu'il faut gagner sa vie comme nègre d'un minable truand ?
Comment guérir d'être un bon fils ?
Omar, le héros de cette chronique tourbillonnante, n'a pas fini de se poser la question.
Avec Courage et patience, Akli Tadjer a réussi un petit chef-d'oeuvre d'humour et d'humanité.