Conversation avec claude Sautet
Sautet ou la vie saisie dans le détail : éclats furtifs et désastres intimes de couples qui se trouvent et se perdent derrière les vitres des cafés, pendant que la pluie tombe sur Paris-banlieue. Sautet, le peseur d'âmes, Sautet le luthier et le lutteur qui n'aime rien tant montrer que les combats douteux et les destins incertains.
Sautet dont les histoires sont " simples " comme " les choses de la vie " et chez qui l'euphorie d'un moment se paie au prix fort : sortie de route ou réveil douloureux.
Max, César, Vincent, François, Paul, Simon, Alex, Stéphane et les autres : les hommes sont en bandes comme des caribous, ou seuls face à eux-mêmes. Ou les deux à la fois. Désarroi et impuissance, au fil des jours, le temps d'un week-end à la campagne... (...) Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
De tout ça et du reste, encore fallait-il faire parler Sautet : on sait si peu de lui. Et donc surmonter sa pudeur d'homme, sa discrétion de cinéaste, aussi peu courantes l'une que l'autre. (...) Claude avait peur des banalités, des redites, des mots galvaudés : euphorie, égarement, crise, compassion...
Alors nous cherchions à contourner l'obstacle. " C'est comme l'écriture d'un scénario ", me disait-il. Et, de fait, une histoire naissait, prenait son envol. La vie venait avec, sans se hausser du col. Les sentiments avec les images, le métier de vivre et le métier du cinéma. Et le dessin dans la tapisserie ? On tire un fil, tout le reste suit.