La seule barrière entre la souffrance et l’apaisement, entre le désespoir et la sérénité, est parfois cet homme ou cette femme en blanc au chevet d’un malade. Pourtant, cet uniforme ne dispense d’aucun devoir, ni ne protège d’aucune souffrance. »

Je travaille comme infirmier en réanimation. En quatorze ans, je suis passé par des hôpitaux de Paris, Limoges, Rennes, puis Montréal au Québec.

En 2009, à la fin d’une journée de travail plus éprouvante que les autres, j’ai rédigé Pourquoi nous le faisons, qui a été publié dans les colonnes du Monde.

Les années ont passé, et j’ai écrit d’autres chroniques, parfois sordides et parfois lumineuses, souvent tristes mais quelquefois drôles. J’ai écrit pour me libérer des fantômes et pour mettre des mots sur des émotions trop intenses. J’utilisais l’écriture pour expulser sur les pages blanches la colère, la rage, la frustration. Puis j’ai compris que ralentir ne signifiait pas renoncer, et je me suis alors attaché à ces nuances qui font la beauté, la complexité et tout ce qui compte dans l’existence. Le résultat de ce cheminement, ce sont Les Chroniques de la réa, relais de mes émotions, de mes questionnements, de mon vécu, qui recoupent ceux de nombreux soignants, quel que soit le service où ils exercent.

J’aimerais que ce recueil m’échappe, que d’autres s’y retrouvent, se l’approprient, se reconnaissent dans ces lignes… qu’ils soient soignants, patients ou visiteurs d’un jour.

Ce livre constitue le chaînon manquant entre ma carrière d’infirmier et ma passion pour l’écriture. C’est une fenêtre ouverte sur l’hôpital et sur l’un de ses services les plus fascinants : la réa.

Né en 1979 à Voiron, Emmanuel Delporte est infirmier et écrivain. Il vit actuellement au Québec avec sa famille.