Caïd
Des milliers de prisonniers qui pourrissent au milieu de la ungle: c'est le camp de Changi - les brutalités des Japonais, la maladie, le désespoir, la dégradation, la mort lente, la déshumanisation progressive... Mais, Changi, c'est aussi une impitoyable école de survivance. Et qui sera le plus capable de survivre, sinon le plus rusé, le plus fort, le plus adaptable, le plus dénué de préjugé.) Autrement dit celui que l'on appelle le Roi, le « Caïd » du camp, malin comme un singe, cruel comme un rat - et pourtant honnête à sa manière, loyal à sa façon. Ce n'est pas « le combat du jour et de la nuit » qui se livre à Changi car rien de ce qui est humain n'est totalement blanc ni totalement noir. Simplement, chacun, avec des fortunes diverses, se concentre inexorablement sur la seule question qui compte : survivre. Et comme la survivance ne peut être que collective, une extraordinaire alliance doit se conclure entre l'égoïsme individuel et l'égoïsme supérieur du groupe. Les vieilles valeurs de la loi morale s'écroulent, remplacées par d'autres qui sont les armes nécessaires de ceux qui ne veulent pas mourir.
Caïd est un roman âpre et sans concession, tantôt hallucinant d'horreur, tantôt débordant d'humour, où le suspense jaillit en cascade, tout à la fois émouvant et picaresque. C'est aussi un témoignage lucide sur la condition de l'homme, de l'homme dépouillé, réduit à sa plus simple expression, et qui, plongé dans l'ab ection d'un univers terrifiant d'absurdité, retrouve au fond de avilissement, le signe même de sa grandeur - l'amitié, la camaraderie, la virilité, l'espérance. Parce qu'il se bat. Parce que; peut-être, ces vertus sont le gage du triomphe de la vie sur la mort.
Source : Le Livre de Poche