Alcools de Guillaume Apollinaire
Sous le pont Mirabeau coule la SeineEt nos amoursFaut-il qu'il m'en souvienneLa joie venait toujours après la peineCes vers du "Pont Mirabeau", comme ceux de "La Chanson du mal-aimé" ou de "Zone", tous issus du recueilAlcoolsont fait la fortune littéraire d'Apollinaire, et un grand classique de la poésie. Toutefois, ce classicisme ne doit pas faire oublier qu'en son temps ce recueil constitua une véritable révolution poétique : après Rimbaud, Apollinaire transforme toutes les règles d'un lyrisme devenu vieillot à son goût. Il faut pouvoir chanter le monde, jusque dans sa réalité la plus crue, mais aussi jusque dans ses progrès les plus récents : la tour Eiffel ("Zone") côtoiera donc les cellules de la prison de la Santé ("À la Santé"). Sur ce modèle se succéderont alors la mort, la fuite du temps et surtout l'amour : tantôt lumineux, tantôt obscur, mais toujours au centre de ces ivresses poétiques.AvecAlcools, Apollinaire deviendra le modèle de tous les poètes à venir, et en particulier des surréalistes.--Karla Manuele