À Argol, il n'y a pas de château
Le château d’Argol, la chapelle des abîmes, sise entre mer et forêt, frondaisons et algues vertes des gouffres, l’hôtel des vagues, le castel du Roi pêcheur, la forteresse amirale et la chambre des cartes, le fortin des Ardennes s’offrent comme les creusets, les postes frontaliers d’où l’on capte cette rumeur, cette lame d’inquiétude qui monte des abysses, des recès profonds, des cryptes de l’imaginaire. Avec Gracq, on ne cesse de filer le motif de l’attente magnifique, d’arpenter les terres désolées, terraquées, où résonne la seule interrogation qui vaille, le “Qui vive” de Nadja, qui conclut explicitement Le Rivage des Syrtes. »
De l’amitié, nouée dès 1931, avec Quéffelec, le finistérien, compagnon de Normale Sup’, naîtront voyages et promenades, émaillées de conversations mais aussi de silences... C’est au gré de cette exploration inlassable, à l’embouchure soudaine des paysages marins de Bretagne, que Julien Gracq, l’homme de la Loire, bâtira son château intérieur, pierre angulaire d’une oeuvre vouée au mystère et à la re-création permanente.
Le lumineux hommage, en forme de pèlerinage secret, de Philippe Le Guillou à l’auteur mythique du Château d’Argol et du Rivage des Syrtes.
Philippe Le Guillou est né en 1959. Il a reçu, en 1990, le prix
Méditerranée pour La rumeur du soleil et le prix Médicis,
en 1997, pour Les sept noms du peintre. Il est aussi l’auteur
du Déjeuner des bords de Loire et de Les années insulaires