Mon livre surprise
Phèdre - Bérénice
Phèdre
Phèdre, ce chef-d’oeuvre incontestable, pense-t-on encore qu'il n'en fut pas de plus contesté que celui-là ? « Faire un inceste en plein théâtre ! » s'indigne Pradon, rival malheureux de Racine devant la postérité. Phèdre « n'est ni tout à fait coupable ni tout à fait innocente », proteste l'auteur. Car elle est tout entière habitée par cette passion - sourde, aveugle, déraisonnable, e¬erbée par sa déraison même - qu'elle entretient pour Hippolyte, passion qui ne peut mourir et ne mourra qu'avec elle. Fait étrange, c'est cette même année 1677 que Racine, ayant porté à son paroxysme de grandeur et de violence l'amour qu'un être humain peut nourrir pour son semblable, se tourne vers l'amour de Dieu.
Bérénice
Antiochus aime Bérénice, Bérénice aime Titus, Titus aime Bérénice... Amour sans espoir pour Antiochus, amour très contrarié pour Titus et Bérénice, car la loi romaine interdit à l'empereur d'épouser une reine étrangère. Tragédie ? Certainement pas puisque nos héros vont préférer à la mort une solution plus humaine, à la fois courtoise et exemplaire. Mélodrame ? Alors, vive le mélodrame puisque même le plus ardent détracteur de Bérénice, l'abbé de Villars, a pu écrire : « ... j'ai vu la comédie, je l'ai trouvée fort affligeante, et j'y ai pleuré comme un ignorant. » Drame de la rupture, où les héros décident héroïquement de trouver des charmes à leur douleur. En somme, une tragédie qui finit bien.
Source : Le Livre de Poche