Mon livre surprise
Miroir de porcelaine
Elle était belle, mon automate, exquise de délicatesse. le visage grave et doux avec ses lèvres de geisha, ses sourcils tracés d'un léger coup de pinceau. L'illusion des dentelles et des velours transformait en corps souple et vivant ce qui n'était qu'assemblage de pièces mobiles. Mais par goût de l'exploration, j'avais joué avec une imagerie qui m'était étrangère. J'imaginais ma blanche Saskia en pucelle sacrifiée des contes macabres de Poe : une Madeline Usher dont Volodia serait le Roderick. Je lui avais donné ce visage-là : cette beauté pâle qui réveille les pulsions destructrices. Mais je jouais à des jeux qui n'étaient pas les miens.