Le bébé le plus beau du monde dort à poings fermés. Comme il fait froid, sa maman a approché son berceau de la cheminée. Elle va dans la cuisine pour préparer un biberon, un biberon de lait. Soudain, la cheminée se met à trembler dans la pièce où dort le bébé. Des dizaines, des centaines, des milliers de petits lutins verts sortent de sous la cheminée. Quand la maman rentre dans la pièce pour donner à boire à son bébé, elle trouve à la place un horrible monstre vert, vert de la tête aux pieds… Voilà un conte qui plaît aux tout-petits. Praline Gay-Para l’a conté à de nombreuses reprises devant un public de bébés qui ne s’y trompe pas : il se raconte des choses fortes et intimes de la relation mère-enfant dans cette histoire-là ! Les motifs sont étonnants : le monstre trimballé sur la tête de milliers de lutins ; le bébé que rien ne perturbe ; les coquilles d’œufs dans l’âtre ; la voisine un peu sorcière… On est loin d’un rationalisme bien pensant ! Ces contes d’échange (ce qu’on appelle des histoires de changelins) sont parmi les contes les plus anciens de la tradition populaire. Ils sont inscrits dans la mémoire collective et parlent tout autant du mystère qui entoure la vie que des relations parfois ambiguës entre la mère et son bébé. Rémi Saillard joue de cette ambivalence, créant par ses couleurs franches et son sens du cadrage des atmosphères dignes d’un film. Un À petits petons atypique et enthousiasmant !