Louise, en digne mère, souhaitait pour Charles-Arthur, son unique et tardif enfant, un noble destin : il serait Grand Poète, héritier de Byron, fils apocryphe d'Apollinaire, dépravé pour la bonne cause.

Hélas, un goût pervers pour le football le détourna vite des muses. Le soir, à la chandelle, caressant Balsamo, le berger blanc des Pyrénées, Louise, pleine d'espoir, apprenait les règles du penalty.

La passion politique saisit Charles-Arthur, l'ex-poète, un jour de septembre 36, tandis que déclinait déjà le Front populaire. L'enthousiasme de l'été l'avait effrayé, la fin du rêve le rassurait.

La guerre venue, chargé du contre-espionnage dans la ligne Maginot, Charles-Arthur s'enfouit sous terre et lut Saint-Simon avec délices. Après une Résistance des plus sobres, il choisit de militer au centre. Il fallait que sa vie ressemblât le plus possible à la ville de Lausanne (Suisse). Il eut donc la prudence pour règle et la résignation pour rêve.

Sa patience aboutit un dimanche soir de 197.. . Qu'importe le résultat des élections, le député Charles-Arthur campait désormais au centre ; pour détenir la majorité, la droite ou la gauche, forcément, l'appellerait. Demain, il serait ministre.

Sous des dehors désinvoltes, la Vie comme à Lausanne est une chronique burlesque et féroce de notre ronronnante époque. On n'attend plus que les élections ... Et la conception qu'a l'auteur de la maternité est pour le moins particulière ... Eclatante de drôlerie !