Mon livre surprise
La princesse blanche
Qu'il est difficile souvent d'accréditer les causes d'une oeuvre ! Vous me questionnez sur La Princesse blanche. J'habitais à Viareggio une grande villa donnant sur la mer, avec un imposant jardin. C'est là qu'apparut un après-midi, comme j'étais à la fenêtre, un frère qui quêtait pour sa communauté, son froc blanc rabattu sur le visage ; visiblement, il n'osait pas entrer dans la maison, mais se tenait à quelque distance dans l'allée, attendant de se montrer. Qu'il m'eût ou non aperçu à ma haute fenêtre, l'appréhension me saisit que le singulier inconnu au visage masqué ne prit le moindre de mes gestes pour une invitation à entrer. Et cette crainte me paralysa bizarrement. D'autre part, le même soir (ce qui m'a rendu ce jour inoubliable), un chien basset qui appartenait à la maison mourut ; le matin, j'avais été surpris de trouver cet ami, d'ordinaire toujours prêt à sympathiser et à jouer, assis, immobile, tout contre la maison, son long visage infiniment pensif tourné du côté du mur... Ne faut-il pas (reconnaissez-le) que nous soyons étrangement faits, pour qu'un an plus tard naisse de ces deux prétextes, comme s'élevant au-dessus d'eux, l'oeuvre intitulée La Princesse blanche ?