Texte de collectif : - Augusto Forti - Harland Cleveland - Paul C.W. Davies - Peter M. Allen - Calestous Juma - Ilya Prigogine - Isabelle Stengers

"Le succès de la ‘méthode' newtonienne a valu à la science de sa mêler toujours plus intimement à la technologie, en se souciant toujours moins de comprendre la nature réelle et profonde de notre existence. Dennis Gabor, prix Nobel de physique, disait que ce que l'on appelle la civilisation du monde occidental se fonde sur la réussite extraordinaire de l'union de la science et de la technologie, mais que, d'un point de vue spirituel, elle ne se fonde pratiquement sur rien.

Une nouvelle vision du monde est aujourd'hui nécessaire, ainsi qu'une nouvelle conception du rôle que la science et la philosophie jouent dans notre société en crise.

La vision du monde qui se dessine est plus déterministe, mais dominée par le principe d'indétermination et par des comportements aléatoires, absolument imprévisibles. La chimie et la biologie contribuent tout particulièrement à la formulation d'une nouvelle science qui, sous la poussée mécanique quantique, abandonne les canons newtoniens : la chimie avec les découvertes réalisées dans le cadre de recherches sur les structures dissipatives et l'entropie, la biologie avec la réhabilitation de la place du hasard dans les systèmes en évolution.

Si nous voulons survivre dans un monde qui change si rapidement, il faut que nous assimilions les paradigmes de la nouvelle science, et abandonnions, les certitudes auxquelles nous avaient habitués Newton et ses épigones.

La vision du monde, qui émerge des travaux de Heisenberg, Einstein, Popper et Prigogine, est bien plus aléatoire, moins déterministe : elle nous rend le sens de l'aventure, de l'imprévu et, ainsi, une liberté plus grande.

Newton est mort : maintenant la science, au travers même d'ambiguïtés et d'incertitudes, retrouve la sphère de l'imaginaire et du spirituel. [Résumé d'éditeur]