Mon livre surprise
L. F. Céline tel que je l'ai vu
Si moi, juif d'Amérique, je suis allé m'entretenir avec Céline, c'est parce qu'il m'avait spirituellement atteint et ébranlé pendant la guerre comme Hitler avait ébranlé mon pays et mes congénères en particulier. Ceci est un ouvrage littéraire - dans mes intentions tout au moins. Ce n'est ni un dossier, ni un jugement, ni un acte d'accusation. Comme le temps de mon départ pour le Danemark approchait, des Américains qui résidaient à Paris vinrent alarmer mon imagination des dangers effrayants que je courrais si j'allais voir Céline. Lune de leurs prédictions les moins redoutables me promettait l'étiquette de collaborateur à la suite de ce voyage " quelle que fût la complexité de mes motifs ". Les injonctions les plus menaçantes faisaient état de la folie de Céline, si certaine, disait-on, que je ne reviendrais pas vivant du Danemark. Finalement, pour justifier à mes propres yeux ma démarche, j'écrivis dans mon journal cette phrase qui peut servir d'épigraphe à tout mon livre : " Céline est une écharde plantée dans mon esprit. Il faut que je l'absorbe ou la rejette - complètement.