Mon livre surprise
César et toi
C’est un chef, une légende, un conquérant qui traverse le paysage comme le vent. Jules César soumet la Gaule et en dicte le récit que nous traduisons encore deux mille ans plus tard, pour y découvrir notre défaite et ce que nous sommes : courageux, batailleurs mais désunis, changeants, légers, impulsifs, crédules, sans ressort dans l’épreuve. Des Gaulois aux noms improbables, tirés de la barbarie par César et grâce à lui latinisés, pacifiés, prospères, avec voies romaines, temples, aqueducs et amphithéâtres.
La narratrice reprend aujourd’hui cette histoire de guerre et de vitesse. Elle comprend que c’est l’histoire de ses origines, qu’il faut la suivre. Tout est là mais enfoui, brisé, lointain. Ce sont des survivances, des objets dans des vitrines de musée – monnaies, clous de sandale, agrafe, anneau verdi – et des lieux indécis, peut-être introuvables, du passage de rivière, d’un camp, d’une hécatombe. Elle avoue : « Je suis César recueillant ces restes comme d’autres l’ont fait : arpentant la terre, relisant La Guerre des Gaules, croisant ici Napoléon III, plus loin Shakespeare ou Guillaume II, Suétone, un révolver, des chevaux qui pleurent, Bernadette Soubirous, un amateur de geocaching. »
Ce sont les guerres d’hier et celles d’aujourd’hui, c’est aussi Mérimée sur le site d’Alésia, Montaigne dans sa tour, Freud à Rome, des archéologues amateurs en Haute-Marne, Marlon Brando portant César mort dans ses bras. Tout peut entrer dans cette histoire, le plus proche et le plus lointain, les fragments d’une culture et les souvenirs de notre propre vie, un vers de Victor Hugo, un canthare, le latin, Ben-Hur, la Tunique d’Argenteuil ou ces objets vagues, terreux, sortis du sol, sur lesquels il faut se pencher en soufflant pour y chercher d’où nous venons. Et y revenir sans fin.