Couples qui doutent ou peinent à se former. Rencontres inespérées, improbables, ou loupées pour un rien. Doux eÎntriques, intellectuels déboussolés, studieux et timides. Jeunes adultes engoncés dans leur vie professionnelle, se demandant s'ils réussiront à construire leur bonheur. Peines d'amour et surprises amoureuses... Intimités constitue une nouvelle illustration de l'art de Laurie Colwin à offrir ces multiples petits concentrés de fiction contemporaine, principalement autour du lien amoureux, où chaque détail charme par sa vérité - voire son exotisme américain, façon «côte Est». Avec un talent unique pour nous rendre ses personnages proches. Une capacité à saisir ce qui est de l'ordre de l'impalpable, de l'intimité entre les êtres. Celle qui unit Carl à Lucy - alors pourquoi s'offre-t-elle le petit bonheur d'aller nager seule, sans le lui dire ? Et pourquoi ce simple geste qui n'a pourtant rien d'une trahison le fait-il soudain pleurer ? («Immersion») L'intimité, c'est aussi celle qui finit par s'installer entre la narratrice du «Pèlerin solitaire» et Gilbert Seigh, lorsque il fait appel à la jeune illustratrice, dépassant leur collaboration professionnelle autour du Traité de l'amour courtois. C'est aussi ce lien qui perdure, cette irrésistible attirance réciproque entre Cordy et Jane, alors qu'il n'a cessé, quand ils étaient ensemble, de critiquer les petites habitudes de la jeune femme («L'amant immature»). Et c'est cette force presque douloureuse qui continue de souder clandestinement l'un à l'autre deux amants, William et Martha, pourtant tous les deux mariés.

Laurie Colwin (1944-1992) est New-Yorkaise. Elle a 24 ans quand sa première nouvelle paraît dans le "New-Yorker", puis publie, jusqu'à sa mort brutale d'un accident cardiaque, une dizaine de livres dont deux recueils de nouvelles, des romans et des recettes de cuisine littéraires. Elle fut longtemps chroniqueuse gastronomique, travailla dans l'édition, fut même traductrice de Isaac Bashevis Singer. Culte aux États-Unis pour son humour et son style inimitable, les lecteurs français, quant à eux, ne connaissent Colwin que depuis la traduction en 1999 de "Frank et Billy". Entre temps, le bouche-à-oreille et la presse en ont fait ici aussi un auteur fétiche. Déjà traduits chez Autrement, quatre romans : "Frank et Billy" (1999), "Accidents" (2000), "Une vie merveilleuse" (2001), "Comment se dire adieu ?" (2002) et un recueil de nouvelles : "Drôles d'oiseaux" (1999).